Trail du Vulcain...

Réveil à 3h45 ... Aïe déjà là ça pique, on a fait 700 km en voiture la veille donc ce n'est pas la grande forme ! On arrive sur place à 4h40. Dernière vérification des sacs, check-up de la bouffe et du matos : RAS. On prend également le temps pour une petite photo avec la Team de Trailers de Metz qui nous a rejoint. 

 

Le départ est donné à 5h, je laisse Guillaume partir devant, pour ma part je suis plus à l'aise quand je pars en mode Diesel. Après 30 minutes de course, la couleur est dors et déjà annoncée... et ce sera le Blanc ! Le chemin tracé fait à peu près 30 cm de large, si le pied se pose ne serait-ce que d'un centimètre à côté BOUM c'est l'enfoncement dans 20 cm de neige, vive les guêtres ! Ou pas... Sans compter le blizzard qui s'est levé, mélangé à une pluie mi eau mi gel qui nous trempe jusqu'aux os et un brouillard digne d'une purée de pois à couper au couteau. Et c'est parti pour 30 km comme ça avec 1800 D+. Parmi les concurrents, silence Radio, personne ne s'adresse la parole, personne ne lève la tête, on est des vrais zombies ! Arrivé au bas du "Puy de Dôme" au premier ravitaillement je retrouve Guillaume, notre joie est partagée, car l’ascension en solitaire des 3km verglacés du "Puy" ne nous enchantait guère... Et on ne s'était pas trompé ! Allure moyenne durant la montée: 2.5 km/h ! Impossible de mettre un pied devant l'autre sans glisser, tout est verglacé, et le vent qui souffle de plus belle au fur et à mesure que l'on monte, des rafales à vous décorner un cocu... Arrivé au sommet c'est l'apocalypse, on ne voit pas à un mètre et on fait du sur place à cause du vent ! On manque de se tromper de chemin, heureusement un bénévole habillé en cosmonaute nous réoriente sur la bonne voie. Je me demande lequel de nous trois est le plus à plaindre ! Arrivé à 40 km, enfin un peu de lumière, le brouillard se lève, on descend dans la vallée du coup on retrouve des parties plus roulante. On en profite pour s'alimenter mais rien à faire, le froid et nos vêtements trempés nous pompent toute notre énergie on à déjà perdu 5000 calories... On approche de midi et le ravitaillement à 48 km s'annonce comme un repas gargantuesque ! Petite erreur de notre part on accélère un peu la cadence, pris dans l'euphorie du moment. Surement les séances de VMA de Willy qui nous ont donné des ailes sur les parties roulantes :) ! Les 12 prochains kilomètres seront très durs pour moi, après le ravitaillement je n'arriverai plus à m'alimenter et du coup forcément petite hypoglycémie. Heureusement on tombe sur le père de Guillaume et son ami qui eux se sont lancé sur le 42 km. On fera un bout de chemin avec eux à un rythme plus tranquille ce qui me permettra de récupérer des forces. 

Arrivé au 62ème km le ravitaillement nous fait grand plaisir ! On se gave de fruits, la forme revient et on attaque une super partie composée uniquement de single-trace en forêt pendant 8 km ! Que du bonheur ! Mais les 10 derniers kilomètres nous ferons vraiment mal : que des coups de cul dans la vallée pour casser les guibolles et des grandes routes de campagne à n'en plus finir... ça nous paraît interminable, encore une fois le genre de portion que l'on aurait pas du tout aimée parcourir seul ! Mais on s'accroche, on ne lâche rien, on essaye de garder un rythme constant et on double même encore quelques concurrents qui sont à bout de force et ça se comprend, je regarde le décompte calorique de ma montre qui affiche + de 8000 calories dépensées... A cette heure-ci je préfère ne pas me lancer dans des calculs pour savoir combien de repas ça représente. Le dernier kilomètre arrive, on entend la foule qui acclame les concurrents qui arrivent, et forcément l'énergie et le moral reviennent en un quart de seconde ! 

On passe la ligne d'arrivée et le verdict tombe Finisher à la 76 et 77ème place sur environ 400 participants, on est donc plutôt content de nous pour ce premier Ultra de 50 miles... En parallèles de nos résultats, on apprend l’hécatombe... Le favoris de notre Team s'est blessé sur une partie verglacé du parcours, petit trauma crânien et 2 côtes fêlées , 1/4 des participants a déclaré forfait dû aux conditions climatiques par contre le reste a du être détourné du parcours pour ne pas faire les 10 derniers Kilomètres et Thomas Laureblanchet le vainqueur de l'ultra a tourné en 9Km/h de moyenne, ce qui est ridicule pour le champion du monde de Trail 2012 mais révélateur quant à la difficulté du parcours sur lequel on a évolué. 

On est donc très fier de ce beau travail d'équipe et d'amitié, notre entrainement et notre hygiène de vie ont porté leurs fruits... Prochaine étape = 100 km !!

Pierre Hamann